L’opération de Janvier !
L’histoire se passe au Mexique, il y a très longtemps. Là-bas, une légende raconte qu’une nuit quelqu’un vit briller dans le ciel l’étoile de Bethléem. Cet érudit, sûrement un peu magicien, interpréta cette nouvelle étoile comme un signe divin ; pour lui le fils du Soleil serait enfin arrivé sur Terre. Rassemblant alors les plus beaux trésors de son pays, il prit la route bien décidé à aller les offrir à cet enfant sacré.
Seulement voilà, Bethléem était loin, trop loin, le voyage sera donc long. Pour financer son odyssée qui dura plus de 30 ans, Ichilok — c’est le nom de notre mexicain —, dû se séparer progressivement des plumes irisées, des beaux cailloux appelés « émeraudes », de la gourde d’eau de source, des pépites d’or et du miroir en argent qu’il avait emporté dans sa sacoche. Il ne lui restait, pour finir son voyage, qu’une pauvre pomme de pin dorée. Lorsque notre ami atteignit enfin la Sainte Étable, l’enfant avait grandit et lui était dépité car celui-ci n’y était plus. La vieille femme qui lui dit cela lui dit également : « Tu as fait un grand voyage et tu n’as pas fait tout ça pour rien : vois les merveilles que tu as pu offrir, vois le bonheur que tu as fait autour de toi. Continue, Ichilok, continue ! En donnant des cadeaux aux enfants de la terre, peut-être retrouveras-tu celui que tu cherches. »
De retour chez lui, il fût choqué par la famine des gens de son village. Soupirant, il se dit qu’il ne pouvait pas les laisser dans cette situation. Fouillant dans son sac, il en sortit l’étonnante pomme de pin qu’il comptait offrir au fils du Soleil. Prononçant des mots que seul un mage pouvait connaître, il planta l’étrange fruit en terre et le fit pousser ; c’est depuis ce moment que, chaque année, pousse le maïs offrant aux hommes de quoi les rassasier avec ses épis gorgés de lumière. Quant à Ichilok, il continue toujours entre Noël et l’Épiphanie — lors des 12 jours d’adoration de l’astre roi —, à donner discrètement des cadeaux aux enfants qui en ont besoin ; espérant secrètement trouver celui qu’il cherche au détour d’un foyer.
Telle est l’histoire, la vraie, celle d’Ichilok, le quatrième roi-mage, celui à la peau rouge et à la barbe blanche, celle du Père Noël parcourant la Terre du 25 décembre au 06 janvier et distribuant cadeaux, joujoux et bonheurs en paquets. Ne l’oubliez pas !
Plus proche de nous, c’est le 6 janvier 1774, jour d’Épiphanie, que choisit — sur ordre de Madame de Montreuil — le rusé Goupil, inspecteur à la police de Paris, pour perquisitionner le château de Lacoste, persuadé que le Marquis y serait et qu’il pourrait l’y arrêter. Suivi d’archers, de soldats et de plusieurs cavaliers de la maréchaussée, il se fraya péniblement de nuit un chemin pour monter jusqu’au château et envahit de suite celui-ci. Rien, il ne trouva rien, ne serait-ce qu’une Marquise un peu affolée par tout ce barouf. Il ne trouva rien, car le Marquis, ayant entendu l’arrivée burlesque du personnage, avait pris soin de décamper dans la campagne avoisinante. Goupil, non content de ne pas avoir trouvé sa proie, réussira malgré tout à confisquer quelques écrits qui finiront sûrement brûlés dans sa cheminée.
Au bout de quelques semaines de cache-cache avec les gendarmes, tandis que sa femme rendait sa mère responsable de « l’opération de janvier », Sade, sûrement las de toute cette logistique, finira par se déguisé en curé et prendre la fuite en direction de l’Italie. Le jeu d’acteur du Marquis était tellement bien rodé, et lui tellement bien grimé, que plusieurs voyageurs lui demandèrent de les confesser.
« Sade en curé et donnant confesse, l’idée a dû lui plaire » dira à peu de chose près Jean-Jacques Pauvert !
Sources : Photo