Immaculée Vesicatoria

[…] Et voici qu’un ange du Seigneur parut, disant : « Anne, Anne, le Seigneur Dieu a entendu ta prière. Tu concevras, tu enfanteras et l’on parlera de ta postérité dans la terre entière. » Anne répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. […] »

Six mois environ s’écoulèrent ; le septième, Anne enfanta. « Qu’ai-je mis au monde ? » demanda-t-elle à la sage-femme. Et celle-ci répondit : « Une fille. » Et Anne dit : « Mon âme a été exaltée en ce jour ! » Et elle coucha l’enfant. Quand les jours furent accomplis, Anne se purifia, donna le sein à l’enfant et l’appela du nom de Marie. […]

Cet extrait nous parle de l’Immaculée Conception, un dogme très profondément ancré dans la foi populaire chrétienne. Pourtant cette Immaculée Conception n’est mentionnée nulle part dans les textes jugés canoniques du monde chrétien. Il faut aller fouiller dans les textes apocryphes, plus précisément celui du « Protévangile de Jacques » daté du IIème siècle, pour comprendre que les parents de la Sainte Vierge ne pouvaient avoir d’enfants et comment celle-ci vint au monde.

Pour que tout soit clair, rappelons que le terme « immaculée » signifie pure, sans aucun péché et que la date admise de cette conception miraculeuse se fête le 08 décembre.

Marquis de Sade — Immaculée Vesicatoria

Un peu plus proche de nous, en 1772, Sade a 32 ans, lui aussi se croit sans péchés. Depuis quelques temps, il mange la dot de sa femme et ses revenus. Il fait réparer son château de Lacoste, donne libre cours à sa passion pour la comédie, envoie des invitations à la noblesse des environs pour des fêtes et des représentations théâtrales dont il est le régisseur et le maître de scène ; chacun s’accordant pour dire qu’il est « fort séduisant, d’une élégance extrême, une jolie voix, des talents [et] beaucoup de philosophie dans l’esprit ».

Cette année là, Sade est fort, du moins il se sent fort, intouchable ; il se sent pousser des ailes. Cela aurait pu être divin, cela aurait du être divin… tout était en place pour qu’il se prenne pour un Dieu. Mais le 25 juin, le Marquis s’approche un peu trop près du Soleil. La chute est rude, ses ailes brulent, la sodomie est punie de mort !

Sade est à l’hôtel des Treize Cantons de Marseille ; sans doute pour amener du piment au cours d’une « Soirée de Cythère », il vient de proposer à ses partenaires sexuelles des pastilles à la cantharide. Ça vomie, ça tourne, les têtes dodelinent, les fesses deviennent rouge, ça fait mal, Dieu est cruel… deux filles se croient empoisonnées.

Comme la mouche à la base de cet aphrodisiaque, la rumeur enfle et virevolte de bouche en bouche. Mais Sade est loin, il s’est enfui en Italie avec sa belle-sœur. La condamnation du parlement de Provence tombe, ce sera la peine de mort pour empoisonnement et sodomie ! Le Marquis étant « absent », se déroule alors à Aix l’exécution d’un mannequin grandeur nature à l’effigie du coupable qui sera jeté au feu… Sade lui continue de visiter les régions alentour.

En fin d’année, après des semaines de cavale, il finit par arriver à Chambéry où il s’installe à l’auberge de la « Pomme d’Or ». C’est à ce moment que décide d’intervenir sa belle-mère pour mettre son gendre en lieu sûr, dans un endroit où il ne fera pas scandale.

C’est donc le soir du 8 décembre 1772 que le gouverneur de la Savoie annonce au Commandant du fort de Miolan que, sur ordre du Roi, il a fait arrêter le Comte de Sade « sous le nom de Comte de Mazan ».

La boucle est bouclée, Marie peut arrêter de prier, le monstre est muselé, les fesses de ses ouailles ne sont plus en danger… pour le moment !

Sources : Photo – Anonyme