L’histoire méconnue : en 1772, le Marquis de Sade prisonnier “VIP” au château de Miolans

Enfermé durant cinq mois dans les geôles de la forteresse, le “Divin Marquis” y vivra avec faste, avant de prendre discrètement la poudre d’escampette.

Un article de Dominique Ernst.

En juin 1772, le sulfureux et romanesque Marquis Donatien de Sade (1740-1814) est à l’hôtel des Treize Cantons, à Marseille, avec son fidèle Valet Latour. Pour agrémenter une soirée, il loue les services de quelques filles de joie. Afin que ces demoiselles soient dans de bonnes dispositions à son égard, il leur offre des bonbons aphrodisiaques ! Mauvaise idée, car ses “invitées” sont malades… et vont porter plainte contre lui. Prudent, le Marquis file s’installer sur les terres voisines du roi de Piémont-Sardaigne. À Marseille, il est jugé par contumace et condamné à la décapitation pour “manœuvre d’empoisonnement”.

L'histoire méconnue : en 1772, le Marquis de Sade prisonnier “VIP” au château de Miolans

À la suite de rumeurs courant sur une possible incursion de la police du Roi de France en Savoie, sa belle-mère décide de mettre son turbulent gendre à l’abri. Elle demande au Souverain Sarde de le faire arrêter et enfermer au château de Miolans. Entre le 9 décembre 1772 et le 30 avril 1773, le “Divin Marquis” va vivre dans une cellule du château, mais avec heureusement pour lui quelques égards. Ses cinq mois de détention nous sont bien connus grâce à une abondante correspondance échangée avec ses proches et avec différentes autorités de France et de Sardaigne. À Miolans, point de sadisme pour le Marquis, mais une vie plutôt agréable. Il peut circuler librement à l’intérieur de la forteresse. Ses repas sont livrés par un aubergiste et sa geôle est aménagée avec soin : meubles, tapis, chandelles, écritoire, vaisselle…

Le Marquis se lie même d’amitié avec le Sieur Ducloz, Lieutenant de la citadelle, et prend ses repas dans l’appartement de ce dernier. C’est de l’une des pièces de ce logement, qui possède une fenêtre sans barreaux et n’est pas trop haut perchée, que Sade va s’évader un soir d’avril avec son fidèle Valet et l’un de ses codétenus, le baron de l’Allée de Songy. Après un passage dans son manoir provençal, le Marquis poursuivra sa vie d’errance, entre aventures, ennuis et prisons : Vincennes, La Bastille, l’asile de fous de Charenton…

Sources : L’article de Dominique Ernst sur le site du Dauohiné Libéré / Photo – Dominique Ernst