Laurence des Cars, choisie pour diriger le Louvre

Cette historienne de l’art de 54 ans sera la première femme à prendre la tête du plus grand musée du monde. Elle a été remarquée pour son dynamisme, l’accent mis sur la diversité et les questions de société.

Un article du Monde avec l’AFP

Elle sera la première femme à accéder à la tête du plus grand musée du monde. La présidente du Musée d’Orsay, Laurence des Cars, a été choisie pour remplacer Jean-Luc Martinez à partir du 1er septembre à la tête du Louvre qu’il dirigeait depuis 2013, a annoncé mercredi 26 mai l’Elysée, confirmant une information de France Inter. Mme des Cars, 54 ans, a également été la première femme à diriger le Musée d’Orsay, y faisant ses premières armes.

Fille du journaliste et écrivain Jean des Cars, petite-fille du romancier Guy des Cars, cette spécialiste de l’art du XIXe siècle et du début du XXe siècle se veut une directrice de son temps, se mobilisant pour un accès plus large des jeunes au musée, pour les restitutions d’œuvres spoliées par les nazis ou encore pour des expositions en lien avec des débats d’actualité.

Elle a été notamment derrière l’expo-événement « Le Modèle noir », en 2019, au Musée d’Orsay, qui connaît un succès tel qu’elle a décidé d’en élargir les espaces.

Après des études d’histoire de l’art à l’université Paris IV-Sorbonne et à l’Ecole du Louvre, elle intègre l’Ecole nationale du patrimoine et prend son premier poste de conservatrice au Musée d’Orsay en 1994, où elle demeure jusqu’en 2007.

C’est durant cette période qu’elle est commissaire de plusieurs expositions en collaboration avec des musées internationaux, comme le Metropolitan Museum of Art, la Royal Academy of Art de Londres ou le Musée Thyssen à Madrid.

Elle est nommée directrice scientifique de l’agence France-Muséums en juillet 2007, opérateur français chargé du développement du Louvre Abou Dhabi, puis promue dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011. Son parcours prend un nouveau tournant lorsqu’elle est nommée en 2014 directrice Musée de l’Orangerie.

En 2014, en duo avec l’écrivain et poète surréaliste Annie Le Brun, elle organise l’une des expositions les plus retentissantes et audacieuses que l’on ait pu voir à Orsay, « Attaquer le soleil. Hommage au Marquis de Sade ». Deux ans plus tard, elle poursuit, à l’Orangerie cette fois, avec « Apollinaire, le regard du poète ». Le succès public et critique obtenu par ces manifestations et le triomphe de « La peinture américaine des années 1930 » n’ont pas été pour rien dans sa nomination à Orsay en 2017 : ces expositions, très solides du point de vue scientifique, ont attiré bien ­au-delà du monde habituel des amateurs et des connaisseurs.

Sous son mandat, le nombre de visiteurs d’Orsay, l’un des plus grands musée d’Europe pour la période allant de 1848 à 1914, n’a cessé de croître : jusqu’à 3 700 000 visiteurs en 2019, avec un niveau d’autofinancement atteignant 64 %.

Marquis de Sade - Laurence des Cars, choisie pour diriger le Louvre

En pleine pandémie, la directrice se lance dans « Orsay grand ouvert », un projet qui va élargir le musée, grâce notamment à un don de 20 millions d’euros d’un mécène américain resté anonyme.

Objectif : plus d’espaces d’expositions, un centre éducatif de 650 m2 et un centre de recherches ouvert à l’international, qui sera inauguré en 2024, une dimension chère à l’historienne. Elle pratique de nombreux prêts en région. « En 2019, plus de 600 œuvres que nous conservons ont été vues, d’Ornans à Giverny », affirmait-elle en 2020 au Figaro.

Lors d’un entretien avec l’Agence France-Presse en avril, elle évoquait sa vision d’un musée dont la programmation serait ancrée « au sein des grands enjeux de société, en attirant ainsi les nouvelles générations ». « Dans un monde qui peut chahuter, rejeter le musée », elle veut s’adresser aux « visiteurs de tous les âges et de toutes les origines socioculturelles ».

Sous son impulsion, le ministère de la culture lance la procédure de restitution du tableau de Gustav Klimt, Rosiers sous les arbres, conservé au Musée d’Orsay, aux ayants droit de Nora Stiasny qui en a été spoliée à Vienne en août 1938 par les nazis. « Un grand musée se doit de regarder en face l’histoire, y compris en se retournant sur l’histoire même de nos institutions », avait-elle commenté.

Pas de troisième mandat pour Jean-Luc Martinez

Jean-Luc Martinez, 57 ans, historien et archéologue spécialiste des antiquités grecques, briguait un troisième mandat au Louvre et assurait l’intérim de l’établissement public depuis le 13 avril.

Très sensible à l’accès au Louvre de tous les publics, luttant contre l’élitisme, il a réorganisé et aménagé le musée pour le rendre plus accueillant. Pendant son mandat, le nombre de visiteurs a dépassé 10 millions de visiteurs en 2019, avant la pandémie due au coronavirus, un record mondial.

Le choix final de la nomination des présidents des grands musées publics, comme le Louvre, Versailles, Pompidou ou Orsay, revient au président de la République.

Sources : L’article du Monde avec l’AFP et la photo d’Alain Jocard sur le site du journal