Sade et l’affaire de Lacoste

Lacoste, nouveaux scandales : les petites filles de Lyon et l’affaire Trillet ; ces deux affaires demeurent encore obscures en l’absence d’archives. Réfugié à Lacoste, les habitudes du Marquis, plus modestes, remplaçaient le luxe d’antan. Les salons de réception verrouillés, personne n’était plus convié au château.

Un article de Sadienne

En 1774, la Marquise ramena de Lyon « deux petites filles». Eduquées suivant les meilleurs principes du sadisme en action, « les petites filles » avaient mission d’échauffer les sens du Marquis. Amoureuse de son mari, [Renée-Pélagie] consentait par amour aux écarts lubriques de son époux.

De son côté, le Marquis engagea Malatié « secrétaire » illettré, Carteron un valet, « ses objets de luxure » exception faites de la femme de chambre Nanon (Anne Sablonnière) et de Justine (Catherine Trillet) la cuisinière.

Marquis de Sade - Sade et l'affaire de Lacoste

Depuis deux ans, « les parties de débauche » se succédaient au château [de Lacoste]. Les fillettes, dont on ignore les circonstances exactes, furent amenées à se plaindre de sévices : une enquête criminelle fut ouverte pour cause « d’enlèvement et séduction ».

Les magistrats instructeurs envahirent Lacoste ; assisté d’ avocats, le Procureur interrogea les enfants, les déshabilla, les examina et découvrit des contusions suspectes : des traces qui n’étaient pas seulement des fustigations mais des incisions, « boutonnière » (saignées). Pendant que sa femme se démenait pour faire taire la rumeur, Sade s’enfuyait de Lacoste pour Florence, Rome, Sienne, Naples sous le nom de Comte de Mazan. Il resta en Italie jusqu’en novembre 1976.

A la suite d’une querelle avec la Marquise, Nanon enceinte menace de révéler la paternité de Sade. La Présidente de Montreuil [la mère de la Marquise] étouffa l’affaire : Nanon, accusée injustement de vol, fut enfermée dans une maison de force d’Arles. [Mal nourrit sa] petite fille ne vivra que trois mois.

Fin 1776, une nouvelle plainte fut déposée par Monsieur Trillet, tisseur de couvertures analphabète, pour enlèvement de sa fille Catherine, appelée aussi Justine. Venu faire scandale au château, voulant ôter sa fille de cet entourage perverti, le Marquis tenta de le calmer et décida de ne lui rendre sa fille que lorsqu’il eut trouvé une remplaçante. Trillet, furieux, tira alors sur le Marquis un coup de pistolet. La balle l’effleura sans le blesser…

Sa famille qui avait le pouvoir de le protéger, décida de l’empêcher de nuire ; le piège se referma : toutes ses provocations et récidives permirent à sa belle-mère d’obtenir contre lui une lettre de cachet qui le fit emprisonner en février 1777 au Donjon de Vincennes puis à la Bastille et à Charenton.

Jugé dangereux, privé de sa liberté de mouvement, Sade va se venger, d’une manière retorse : il devient écrivain, certes écrivain sulfureux mais néanmoins écrivain reconnu.

Sources : L’article de Sadienne sur son blog / « Portrait imaginaire du Marquis de Sade » – Man Ray