Appel au mécénat pour les Cent Vingt Journées de Sodome

En 1785, emprisonné à la Bastille (Paris) après avoir été condamné pour une série d’affaires de mœurs, le Marquis de Sade recopie un long roman, Les Cent Vingt Journées de Sodome. Le manuscrit vaut aujourd’hui 4,55 millions d’euros et le gouvernement français vient de lancer [le mois dernier] un appel au mécénat d’entreprise pour acquérir ce « trésor national ».

Un article de Martin Bureau

Dans son avis, publié au Journal officiel jeudi 18 février, le ministère de la culture explique chercher des financements, contre réduction de l’impôt sur les sociétés. Cet « extraordinaire manuscrit autographe du premier véritable ouvrage du Marquis de Sade », un « rouleau de papier » de 12 mètres de long et « accompagné de son étui », est destiné à la Bibliothèque nationale de France.

Roman inachevé

Cet objet mythique de la littérature a connu un parcours mouvementé depuis sa rédaction, rappelle, en outre, le ministère. « Probablement découvert lors du pillage de la forteresse de la Bastille ou de sa démolition » à l’été 1789, il disparaît pendant plus d’un siècle. Il est racheté par un psychiatre allemand, Iwan Bloch, qui publie pour la première fois le roman en 1904.

Marquis de Sade - Appel au mécénat pour les Cent Vingt Journées de Sodome

En 1929, un collectionneur, Charles de Noailles, l’acquiert à son tour. Mais il est volé à sa fille Nathalie par un éditeur qui le vend en 1982 à un collectionneur suisse, Gérard Nordmann. Puis il est racheté à ses descendants en 2014 par un homme d’affaires français, Gérard Lhéritier, à l’origine d’une société qui se révélera une escroquerie, Aristophil. Pour empêcher une nouvelle vente, la ministre de la culture, Françoise Nyssen, le classe « trésor national » en 2017.

Roman inachevé, Les Cent Vingt Journées de Sodome, ou l’école du libertinage raconte les sévices sexuels inouïs imposés à des victimes enfermées dans un château par des libertins fortunés. Le Marquis de Sade mourut en 1814 en pensant que son œuvre la plus importante était définitivement perdue.

Un autre appel au mécénat d’entreprise a, par ailleurs, été lancé, jeudi, pour l’acquisition d’un autre « trésor national », à savoir « un ensemble de manuscrits autographes d’André Breton », poète surréaliste (1896-1966). La somme à réunir est de 900 000 euros.

Sources : La photo et l’article de Martin Bureau sur le site du Monde