A la claire fontaine…

« À la claire fontaine
M’en allant promener
J’ai trouvé l’eau si belle
Que je m’y suis baigné »

C’est en 1337 que l’écrivain Francesco Petrarca s’installe à la Fontaine-de-Vaucluse, il a 33 ans, il y demeurera jusqu’en 1351. Le fief appartient alors aux évêques de Cavaillon, leur château en ruines que Pétrarque aperçoit de sa demeure domine toujours le village.

« Sous les feuilles d’un chêne
Je me suis fait sécher
Sur la plus haute branche
Un rossignol chantait »

Né à Arezzo, c’est à la Fontaine-de-Vaucluse que l’écrivain italien Pétrarque écrira le « Canzoniere » : poème lyrique à la gloire de Laure de Sade. Malgré le fait que l’auteur situe le début de sa passion amoureuse dans le décor de plein air de la Fontaine-de-Vaucluse, Laure apparut vraiment à Pétrarque le 6 avril 1327… en l’église du couvent de Sainte-Claire d’Avignon.

Marquis de Sade - A la claire fontaine...

« Chante, rossignol, chante
Toi qui as le cœur gai
Tu as le cœur à rire…
Moi, je l’ai à pleurer »

Le cœur pétrarquien — le mot cœur connaît 267 occurrences dans le poème du « Canzoniere » — vibre sous le joug des souffrances pénitentielles de la passion refusée et de dix années de deuil impossible de la dame de ses pensées. Le « Canzoniere » est un chant d’amour, étrange chimère d’amour sacré et de passion profane. La lamentation amoureuse sollicite, dès le premier vers, l’indiscrète écoute du lecteur.

« J’ai perdu mon amie
Sans l’avoir mérité
Pour un bouton de rose
Que je lui refusai… »

L’éternel amour de Pétrarque succomba, le 6 avril 1348, vingt-et-un ans jour pour jour après sa rencontre avec le poète ; elle n’était âgée que de trente-huit ans. La cause de la disparition de Laure de Sade n’est pas établie de façon indubitable bien que la plupart des historiens penchent pour la Peste Noire. Certains disent qu’une coulobre protégeant ses petits l’aurait mordu. D’autres, plus terre à terre, pensent qu’elle succomba à une phtisie occasionnée par l’épuisement dû à ses onze accouchements…

« Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier
Et que ma douce amie
Fût encore à m’aimer »

« Il y a longtemps que je t’aime jamais je ne t’oublierai »

Sources : Photo – Gallica / « A la claire fontaine » – Anonyme