Quand on a gobé le poisson, il faut y mettre la sauce !

Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, le réalisateur italien Pier-Paolo Pasolini est tué de manière brutale à coups de bâton et écrasé avec sa propre voiture sur la plage d’Ostie, près de Rome, il est âgé de 53 ans et vient d’achever son dernier film. Vers 1944-45, dans la République de Salò, quatre notables fascistes décident de passer 120 journées dans une villa pour y assouvir leurs fantasmes pervers. Pour cela, ils font enlever huit jeunes femmes et huit jeunes hommes qui doivent se plier à leurs exigences… voilà pour le résumé !

Ce film sortira en France quelques jours après la mort de Pasolini, durant le festival de Paris. Ce fut la seule et unique projection avant qu’il ne soit retiré de l’affiche quelques jours plus tard, provoquant l’une des polémiques les plus importantes que le cinéma n’ait jamais connu : les gens allant jusqu’à menacer de brûler les copies. Au-delà de son énorme scandale et des problèmes de censure qu’il posa, « Salò ou les 120 journées de Sodome » précipita la réflexion que l’on peut porter sur la représentation de la violence au cinéma dans un contexte historique. Pasolini, en figeant son sujet dans une Italie de 1944, cherche ici à alerter ses concitoyens sur les dangers éternels du fascisme rampant. Les circonstances autour de son décès n’étant pas très claire, nul doute alors qu’elles amplifièrent la charge émotionnelle lors de la projection de son film.

À l’origine de ce film, il y a bien évidemment « Les 120 journées de Sodome » écrit par le Marquis de Sade et publié aujourd’hui dans la prestigieuse collection de la Pléiade. Ce livre, révolutionnaire pour son époque, raconte les 120 journées de quatre maîtres laissant libre cours à tous leurs fantasmes. Le manuscrit original, au grand désespoir de son auteur, fut perdu, et lui fera pleurer des larmes de sang. Quelques 150 ans plus tard, il est retrouvé, imprimé et finit par être lu par Pasolini qui décide de se lancer dans l’adaptation de cette œuvre légendaire.

Marquis de Sade -Quand on a gobé le poisson, il faut y mettre la sauce !

Œuvre sulfureuse par excellence, à la fois culte et maudite, « Salò ou les 120 journées de Sodome » nous dépeint un monde aux règles totalement perverties où l’hétérosexualité comme la religion sont punies de sévices atroces, où l’être humain humilié est réduit à un rôle de chien jappant ou de véritable objet, qu’il soit victime d’abus sexuel, de sévices corporels ou… obligé de manger des excréments.

Pendant le tournage du film, ce dernier sévice restera graver dans la mémoire de la jeune comédienne puisqu’après avoir réellement vomi et fondu en larmes, le visage crispé par l’horreur de la situation, proche de la crise nerveuse, elle dut être évacuée du plateau à la grande colère de Pasolini. Elle refusera par la suite qu’on la touche lors de la scène où elle se fera sodomiser, Pasolini devant donc recourir à des artifices pour donner un semblant de réalité à la scène.

En conclusion, disons que Sade écrira : « Je ne m’adresse qu’à des gens capables de m’entendre. Ceux-là me liront sans danger. » La vision du film se mûrit donc petit à petit, les interprétations seront différentes selon les personnes et les sensibilités, mais quoi qu’il en soit, quoique l’on en pense, que l’on déteste ou que l’on trouve le film nécessaire, celui-ci est une porte ouverte à la réflexion et au dialogue quant à une période ayant marqué le XX ème siècle. C’est aussi un cri d’espoir, fragile, sur la possibilité, sur la nécessité du souvenir et un combat contre toute forme de négationnisme.

« Salò ou les 120 journées de Sodome », à condition qu’on en prenne la signification avec des pincettes, n’est pas un film dangereux, il est, par son intégrité et son courage, une œuvre sans l’ombre d’un doute antifasciste et bouleversante. Pour finir, sachez que le film a bénéficié d’un collaborateur prestigieux : Ennio Morricone signant une musique tantôt ironique, tantôt inquiétante et tendue.

Marquis de Sade -Quand on a gobé le poisson, il faut y mettre la sauce !

Pour les cinéphiles, une version haute définition de ce film existe, depuis le 22 avril 2009, sur support Blu-Ray. La copie, basée sur le négatif 35mm, est irréprochable et l’image dotée d’un piqué magnifique avec des couleurs splendides, des noirs profonds et une définition très satisfaisante. Le film est présenté en 1.85:1, au contraire des précédentes versions qui était sortit en 1.66:1 ; une rapide comparaison permet en effet de constater un léger gain d’information sur les côtés.

« Salò ou les 120 journées de Sodome » est proposé dans sa version originale italienne et dans sa version française que Pasolini considère comme étant la véritable langue d’un film s’inspirant de l’œuvre du Marquis de Sade. Si chacun appréciera ou pas la qualité du doublage, les deux pistes en PCM Mono sont toutefois de très bonne qualité. À noter également que le film est proposé dans sa version intégrale, la scène intégrée au film étant uniquement disponible en VO sous-titrée.

Détails sur le produit :

Réalisateurs : Pier-Paolo Pasolini
Studio : Carlotta
Date de sortie : 22 Avril 2009
Durée : 117 minutes
Audio : Italien (PCM Mono), Français (PCM Mono)

« Salò ou les 120 journées de Sodome » de Pier-Paolo Pasolini est disponible à l’achat sur l’échoppe du site. Pour vous procurer le ou les ouvrages vous intéressant, veuillez vous rendre dans l’échoppe en cliquant sur le titre en question. Si vous ne trouvez pas l’œuvre voulue, cela veut simplement dire que notre partenaire Amazon ne l’a pas, ou plus, en stock ; auquel cas, nous vous conseillons de revenir ultérieurement dans l’échoppe pour vérifier si elle a été achalandée.

Sources : Test et critique du Blu-Ray

Pour en savoir plus à propos de M. de Sade, fondateur du forum et de ce blog.