La Compagnie des auteurs : Sade

Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814) a été un homme politique français et un homme de lettres, auteur de récits où l’érotisme et la pornographie côtoient la violence et la perversion. La Compagnie des auteurs, émission de radio diffusée sur France Culture, se penche sur ces lectures longtemps interdites.

Un article de Matthieu Garrigou-Lagrange.

Marquis de Sade - La Compagnie des auteurs : Sade

Épisode I : la vie en infamie du Marquis de Sade.

Stéphanie Genand, Maîtresse de conférences à l’université de Rouen et spécialiste de la littérature française du XVIIIe siècle est l’invitée de l’émission dans laquelle qui retrace la vie et l’œuvre du Marquis aux écrits sulfureux. Elle a consacré une biographie à Sade parue en novembre 2018 aux éditions Gallimard. Le Marquis de Sade était un philosophe, un écrivain mais il n’est jamais resté dans l’Histoire que pour ses frasques. « Je n’avais pas idée que Sade était si joli », nous explique l’auteur.

Lorsque l’on parle de sadisme, dont la définition donnée par le dictionnaire correspond à une « lubricité mêlée de cruauté », on fait référence à l’homme dont le nom est à l’origine du mot et de l’adjectif : « sadique ». Il est le bourreau de Justine, l’instituteur d’Eugénie. Entre ses mains, les jeunes femmes ne servent que son dessein libertin.

Sade a-t-il foi en l’amour ? Le Marquis ne croit pas au grand Amour mais au désir plus que tout. L’amour relève du mythe. La valeur « amour » est avant tout charnelle.

Épisode II : un athée en amour.

Le professeur de littérature du siècle des Lumières, Michel Delon a été le commissaire de l’exposition intitulée : « Sade, un athée en amour » qui s’est tenue du 6 décembre 2014 au 12 avril 2015 lors du bicentenaire de la mort du Marquis de Sade, à la Fondation Martin Bodmer à Cologny en Suisse.

Il a analysé la figure du volcan en éruption à laquelle s’identifiait le Marquis de Sade. Privé de liberté, le philosophe écrit sur sa longue incarcération et sa condition de prisonnier. Sade l’infâme, se sent comme un volcan sous la pierre. Les lettres sont adressées à son épouse et confidente, son aide également, puisqu’elle lui procure tout le nécessaire à sa survie en prison, mais aussi son souffre-douleur, car elle, est libre quand lui s’impatiente de pouvoir briser enfin ses barreaux.

Les femmes du Marquis de Sade, celles qui l’ont entouré, celles qui ont pensé son œuvre. De son épouse à ses muses et ses personnages féminins. Sade ou les malheurs du vice…

Épisode III : les femmes philosophes du Marquis de Sade, et sa femme.

Florence Lotterie est professeure à l’université Paris-Diderot et y enseigne la littérature de l’Antiquité au siècle des Lumières en particulier. Elle nous parle des femmes dans l’écriture de Sade. En effet, dans l’ouvrage de Sade, intitulé : Justine ou les malheurs de la vertu (1791), le récit est porté par la voix féminine. Le procédé amène à réfléchir à ce rôle et de manière générale, aux personnages féminins dans l’œuvre de l’homme de lettres, aux femmes philosophes qui se sont penchées sur son œuvre :

Sade a écrit le roman de la femme qui allait plus vite que les despotes, la femme révolutionnaire en somme, si toutefois elle avait pu exister. Florence Lotterie.

Cécile Guilbert, elle, est une femme de lettres. Elle a consacré un ouvrage à la correspondance de Sade et son épouse, Renée-Pélagie Cordier de Launay de Montreuil, Marquise de Sade. Dans un autre ouvrage de portraits d’artistes, elle évoque le Marquis de Sade derrière les barreaux ; Sade ayant été emprisonné pendant 27 ans :

Sitôt enfermé, il transgresse naturellement les codes, subvertit les règles, contourne les interdits : écriture à l’encre sympathique pour déjouer la censure, vocabulaire crypté, insolentes apostrophes au « Gribouilleur », altercations avec ses gardes, dérapages verbaux. Cécile Guilbert.

Eric Marty achève cette série sur celui par qui le scandale perdure en tentant de répondre à la question fatidique : « Pourquoi le XXe siècle a-t-il pris Sade au sérieux ? »

Épisode IV : prendre Sade au sérieux ?

Professeur de littérature française contemporaine à l’Université Paris-Diderot, il nous parle de l’ouvrage qu’il a consacré au rapport entre Sade et les grands auteurs et penseurs du XXe siècle.

C’est la dimension politique des écrits de Sade qui est ici prise en compte. L’adaptation des 120 journées de Sodome par l’écrivain et réalisateur italien Pier Paolo Pasolini (1922 -1975) pose la question de la relation de Sade au pouvoir politique, au fascisme mais aussi à la perspective anarchiste.

Parmi les auteurs français, Michel Foucault (1926 – 1984), Maurice Blanchot (1907 – 2003), Georges Bataille (1897 – 1962) pour n’en nommer que quelques uns ont analysé l’œuvre de Sade. La littérature contemporaine, la psychanalyse également prennent l’auteur Sade comme sujet d’étude, il ne laisse personne indifférent.

Sources : La série sur le site France Culture / Photo – France Culture

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