Sade, un Marquis pur beurre rennais

Le Marquis de Sade n’a pas que le nom d’un groupe de rock comme point commun avec Rennes. Le célèbre libertin était également accro au beurre de la Prévalaye. Au point de s’en faire livrer spécialement à la Bastille.

Un article de Julien Joly pour « Le Mensuel de Rennes ».

Dès le XVIIe siècle, le beurre de la Prévalaye fait rayonner la capitale bretonne à l’international. C’est « la » spécialité rennaise, un peu comme la galette-saucisse aujourd’hui. Réputé le meilleur de France, ce beurre est notamment fabriqué au château de la Prévalaye, à 2 km de la ville. Sa couleur dorée, son grain très fin et son arôme particulier rappelant la noisette en font un produit de luxe. Les connaisseurs recommandent de le déguster sur du pain de seigle avec, pourquoi pas, des fleurs de violette.

Ce n’est pas du beurre salé. Il est réputé « ni salé ni demi-sel », mais il est transporté recouvert de sel de Guérande dans des petits pots pour la conservation. A Paris, celui qu’on appelle simplement « le beurre de Bretagne » est vendu dans une boutique réputée de la rue Montorgueil. Les médecins le recommandent même pour la santé physique et mentale. Les premiers guides de voyage conseillent tous une escale gastronomique à la Prévalaye.

Marquis de Sade — Sade, un Marquis pur beurre rennais

Au XVIIIe siècle, les politiques en mal de faveurs en expédient des kilos à la cour. Peu avant la Révolution, le roi fait même venir une laitière de la Prévalaye et ses vaches, près de Versailles, pour tenter de reproduire les conditions de fabrication du divin produit laitier. Pas sûr que l’opération ait été couronnée de succès : le secret de ce beurre particulier réside entre autres dans le cocktail de végétaux que broutent les vaches rennaises. Les prairies comptent alors des centaines d’espèces de plantes différentes. Le fourrage est agrémenté d’orties fraîchement coupées. Des marchands interceptent parfois les agriculteurs sur la route du marché, pour racheter leur beurre à un prix d’or. Causant une pénurie locale et le mécontentement de la population.

En 1784, le Marquis de Sade est embastillé pour ses mœurs scandaleuses. Durant ses nombreuses années derrière les barreaux, l’auteur des « 120 journées de Sodome » réclame à sa femme, en plus d’une livraison de biscuits de Savoie, des petits pots de « beurre de Bretagne ». Et s’il ne précise pas l’origine exacte de ses fournisseurs, on peut supposer sans trop de risque qu’il s’agissait de la production de la Prévalaye. A sa sortie de prison, en 1790, le Marquis de Sade se plaindra d’avoir considérablement grossi durant sa captivité. La faute aux biscuits de Savoie, certainement.

Sources : L’article sur le site du Télégramme / Photo – Musée de Bretagne

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