Ma grande lettre

Le 20 février 1781, Sade écrivait à sa femme Renée depuis sa cellule de Vincennes ; dans cette lettre — « [Sa] grande lettre » — il racontait que « Oui, je suis libertin, j’ai conçu tout ce qu’on peut concevoir dans ce genre-là, mais je n’ai sûrement pas fait tout ce que j’ai conçu et ne le ferai sûrement jamais. Je suis un libertin, mais je ne suis pas un criminel ni un meurtrier. […] ». Dans cette même lettre, notre homme écrivait également à son épouse une déchirante déclaration : « M’entends-tu ma chère amie, tu la reliras et tu verras que celui qui t’aimera jusqu’au cercueil a voulu la signer de son sang. »

Flamboyant jusque dans la plus rude adversité, loin de son image de monstre affolé de chair, le marquis brandit son libertinage comme dernière liberté, mais ne cessera de clamer son innocence : “En un mot je veux être lavé, […]”

Marquis de Sade — Ma grande lettre

Écrivain français, philosophe, libertin et athée. Donatien Alphonse François, Marquis de Sade est né dans une vieille famille aristocratique. Entré à 14 ans dans une école militaire, il revient à Paris en 1763 comme capitaine. Il montre, en fréquentant les actrices et les courtisanes son goût pour la luxure, qui lui vaut, l’année même et peu de temps après son mariage, un premier séjour en prison pour « débauche outrée ».

Après une seconde incarcération de six mois en 1768 pour flagellation, il est accusé en 1772 d’empoisonnement pour avoir rendu malade une prostituée à qui il avait fait prendre des dragées aphrodisiaques. Il est condamné à mort par contumace. Arrêté, puis évadé, il est finalement repris et, sous le coup d’une lettre de cachet, incarcéré successivement à Vincennes, à la Bastille et à Charenton. C’est pendant cette longue période d’emprisonnement que Donatien Alphonse François de Sade commence à écrire pour dissiper son ennui. Il est libéré en 1790 par la Révolution comme toutes les victimes de lettres de cachet.

Pendant la Révolution, ses deux fils émigrent, sa femme obtient la séparation du fait de ses violences conjugales. Ses biens en Provence ayant été pillés, sans ressources, le Marquis de Sade essaie de faire jouer ses pièces de théâtre pour pouvoir survivre. Bien qu’ayant milité dans une section révolutionnaire de quartier, il est condamné à mort en 1793. Il échappe à la guillotine à cause d’une erreur administrative. Il vit alors modestement de ses publications. Il est arrêté en 1801 à cause de ses écrits outrageux et de leur violence pornographique et interné par décision administrative à l’asile de fous de Charenton. Bien que totalement lucide et malgré ses protestations, il va y rester jusqu’à sa mort. Il aura passé 30 années en prison.

Maîtrisant parfaitement la langue française, le Marquis de Sade alterne dans ses ouvrages les scènes pornographiques souvent extrêmes et les dissertations philosophiques. Dans « Dialogue entre un prêtre et un moribond » (1782), il affirme un athéisme absolu et ne laissera plus passer une occasion de l’afficher dans ses écrits. Ce n’est qu’à partir du milieu de XXe siècle que son oeuvre, longtemps interdite et diabolisée, sera redécouverte et réhabilitée. Elle n’est plus lue sous le seul angle superficiel du « sadisme » et de la pornographie, mais sous sa fonction libératrice en s’attaquant aux hypocrisies de la société et à la pensée dominante. Le Marquis de Sade défend les vices au nom de la nature, en en faisant apparaître les contradictions. Son imagination souvent outrancière est perçue comme le désir de libérer l’homme de ses contraintes. Il peut être considéré comme l’un des grands écrivains français et un philosophe qui va jusqu’au bout de ses pensées et aux limites de leurs conséquences logiques.

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Sources : Dessin de la Marquis de Sade / Athéisme L’Homme debout – Biographie

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