Sade est l’auteur de la liberté et de l’égalité. L’homme et la femme sont égaux dans ses écrits, dans le bonheur, le plaisir et souvent (malheureusement) le malheur et la souffrance. Sade est l’éternel critique d’une morale oppressive et malfaisante. Sade se bat pour une humanité sous sa forme la plus naturelle.

Un article de Laura Hurt

Il y a 11 ans, je mettais en scène une pièce du Marquis de Sade, il s’agissait d’Oxtiern. Son Théâtre est méconnu. Lors d’événements liés au Marquis, je croise souvent des prétendus spécialistes universitaires du personnage qui ne savent même pas qu’il a écrit du Théâtre. Dans ses pièces, nous constatons l’aspect révolutionnaire de la place de la femme qui ne serait plus l’esclave de l’homme, mais son égale. Depuis, ma passion pour son Théâtre ne s’est pas assagie, je me bats contre des préjugés qui perdurent autour de lui – mon Master I a d’ailleurs porté sur le Théâtre du Marquis de Sade – Dans toutes mes créations l’esprit du Marquis y est présent.

Je me retrouve dans la pensée de Sade. Il était sans doute le premier grand féministe masculin, même si cette image fait encore rire aujourd’hui. En effet le libertinage ne s’oppose pas au féminisme, au contraire le manque de libertinage est la base d’un patriarcat médiocre et indigne. Les femmes ont heureusement la possibilité d’être libre de nos jours, comme Sade le désirait ardemment. Je suis moi-même considérée comme une artiste féministe, non pas au sens d’un combat contre l’homme mais pour la femme et ensemble, un néo-féminisme de l’égalité.

Peut-on mettre dans une même phrase Féminisme et Marquis de Sade ? Sade est-il le précurseur d’un féministe très actuel ? Les Héroïnes théâtrales du Divin Marquis représentent-elles un véritable pré-féminisme scénique ?

Je tenterai de répondre à toutes ces questions lundi 6 mars à 18h00. Mon but ce soir-là sera de donner envie au public de lire du Sade et de voir son théâtre sur Scène. Plus tard, dans quelques mois, je mettrai à nouveau en scène une pièce du Marquis de Sade qui, je l’espère, se jouera dans toute la France… d’ailleurs cette conférence a également vocation d’être proposée partout en France.

J’aime transmettre la beauté et l’intelligence de ses écrits, son niveau de français et l’aspect actuel de son théâtre. Je veux briser les préjugés médiocres qui polluent la vision d’un auteur qui est sans doute le plus grand auteur français, beau programme pour cette conférence qui se déroulera, sous forme de performance théâtrale, lundi qui vient au sein du Théâtre Francis Gag à Nice dans le cadre du Festival Femmes en Scènes.

C’est sur ce point que j’aimerais conclure, parler du Divin Marquis lors d’un festival à priori féministe a surpris plus d’une personne, c’est en cela que c’est intéressant et montre l’aspect ouvert de ce festival, ne pas laisser de place à des préjugés gothiques… Ma conférence a pour but de démystifier… Célébrons Sade, Jouons-le, c’était un grand homme de théâtre et il mérite que dans chaque théâtre, son répertoire soit proposé.

Le Marquis de Sade est un fantasme misogyne total, il fait peur. Toutefois, dans son théâtre, les personnages féminins sont forts et tiennent une importance principale.

Artiste pluridisciplinaire, chercheuse en Arts et spécialiste universitaire de la représentation du corps sur scène, Laura Hurt nous propose une plongée dans le Théâtre de Sade pimentée d’extraits de ses nombreuses pièces et d’une réflexion sur la place de la femme sur scène hier et aujourd’hui.

Née en 1982, Laura Hurt est metteur en scène, auteure, chorégraphe, créatrice d’univers sonore et visuel. Diplômée du Conservatoire de Nice, de l’Université de la Sorbonne Paris III et de l’Université de Nice. Elle se définit comme Hartiste, une personne souffrant de Handicap mais capable de créer comme les autres.

En 2010, le diagnostic tombe, le handicap est défini, elle est atteinte d’une maladie oculaire rare. Laura a donc du repenser son art, sa façon de créer. A force de travail, elle surmonta sa déficience visuelle et se mit à inventer de nouvelles hypothèses d’art. Ses œuvres sont destinées à être touchées, à être ressenties… le rêve d’Helen Keller a pris vie.

Son doctorat porte sur le Théâtre Post-Contemporain et la notion d’accessibilité. Elle développe depuis plus de dix ans une œuvre polymorphe (20 créations pluridisciplinaires, une dizaine de performances, plus de quinze expositions de ses créations plastiques tactiles et de ses photographies en Basse Vision, 6 albums, plus de 30 courts et moyens métrages, un long-métrage expérimental, 3 livres publiés aux éditions l’Harmattan…) Elle a créé et dirige le mouvement Salo Panik et la Compagnie Laura Hurt.

Son travail a déjà été présenté à l’Invisible Dog de New-York, au MuCEM de Marseille, au Valve Center d’Oulu en Finlande, aux Hivernales d’Avignon, à Micadanses et au Couvent des Cordeliers à Paris, au Théâtre Denis à Hyères, au Théâtre National de Nice, aux Abattoirs et au MAMAC de Nice…

Rendez-vous est pris pour le lundi 6 mars à 18h00 au théâtre Francis Gag de Nice ; un échange autour d’un cocktail suivra la conférence.

Sources : L’article sur le site du théâtre Francis Gag / Affiche – Gabriel M.

Pour en savoir plus à propos de M. de Sade, fondateur du forum et de ce blog.