En 1763, Renée-Pélagie Cordier de Montreuil — femme douée de toutes les vertus — épouse le Marquis de Sade. Les époux habitent un temps le Château de Vallery, acheté 20 ans plus tôt par le grand-père de la mariée.

Située en Bourgogne, dans le département de l’Yonne, l’histoire de cette demeure est mal connue. Construite sur les fortifications d’un ancien château fort pour les besoins du maréchal de Saint-André, la veuve de celui-ci donna la propriété en 1565 à Louis de Bourbon, Prince de Condé, Duc d’Enghien.

Le château reste ensuite près de deux siècles dans la maison de Condé où, par héritage, Vallery revient à Elisabeth-Alexandrine de Bourbon qui ne se prive pas de monnayer ses pierres et dilapider son capital. C’est ainsi que le château arrive — au prix de 285 000 livres — dans la famille de la femme du Marquis.

Par la suite, les propriétaires successifs des lieux n’eurent de cesse d’abîmer les murs de cette belle propriété pour combler les frais énormes d’entretien et laissèrent le château se détériorer dans l’ombre de son passé illustre. Ce n’est qu’en 1989, que débute véritablement sa restauration. Travaux monumentaux, financés en partie par l’organisation de cérémonies grandioses qui durent jusqu’à l’aube, embrasant de mille feux les jardins et les remparts… pour rester — selon les propres mots de l’actuel propriétaire Patrice Vansteenberghe — pour toujours dans nos âmes !

Claude-Armand de Sade, second fils du Marquis, se marie, quant à lui, en 1808 avec Louise Gabrielle Laure de Sade, sa cousine. Quatre ans plus tard, préférant la campagne à la ville, le couple se trouve à Vallery.

En 1812, la météo est exécrable, des trombes sont observées en France : l’été commence mal. Cette année-là, le Rhône est à son plus haut niveau connu et rares seront les journées ensoleillées. Borée, Euros, Zéphyr et Notos sont de sortie, bien déterminés à faire voler les jupes des Nymphes des pluies. Voyant les Hyades s’affoler, les Anémoi n’en sont que plus appliqués. L’affaire est jouée, cette année le vent culbute la pluie… les vendanges attendront, tant pis pour les gosiers.

C’est donc, au milieu de la pluie et du vent, le 16 juin 1812, que Louise donne naissance à Alphonse-Ignace, premier petit fils du Marquis… le seul qu’il connu ; Auguste de Sade, le second fils de Claude-Armand, n’arrive effectivement sur Terre qu’en 1815… quelques mois après le décès de son grand-père.

Aujourd’hui, comme hier, il pleut, les rivières débordent. Comme au mois de juin 1812, l’été est en retard. Aujourd’hui, cependant, sonne les 204 ans d’Alphonse-Ignace. Plus de deux siècles après sa mort, il est aussi pour toujours dans nos âmes !

Sources : Site du Château de Vallery / Photo – « Acte de naissance d’Alphonse-Ignace »

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