Bénis soient le jour, le mois, et l’année

Aujourd’hui, je voudrais que vous ayez une pensée émue pour une grande dame ayant appartenu à la famille de Sade… je veux parler ici de Laure — La Laure de Pétrarque — celle qui a tant fait tourner la tête du poète et arrache encore les cheveux des généalogistes ; Laure, que l’on dit aux mains blanches…

D’après l’abbé de Sade, Laure serait née en 1308. Armand Audibert, quant à lui, la ferait naître en 1305. Hilaire Enjoubert vers 1310. Et Artefeuil, Mistral, ainsi que Vellutello, en 1314. Cette dernière année de naissance ne peut être admise, car elle ferait de Pétrarque un satyre pédophile. Cependant, Artefeuil et Vellutello assurent que Laure serait née le quatrième jour de juin et qu’elle serait morte des années plus tard, le même jour du même mois… c’est commode à commémorer, mais s’en souvient-on ?

Marquis de Sade - Bénis soient le jour, le mois, et l’année

C’est Jean de Nostredame, frère du trop illustre astrologue Michel Nostradamus, qui, un des premiers, sinon le premier, nous dit que la « Laure de Pétrarque » était d’Avignon et de la Maison de Sade. La nommant alors « Laurette, issue de l’illustre famille de Sade, gentilfemme d’Avignon, tant célébrée par François Pétrarque ».

Artefeuil, dans son « Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence », nous dit que la Maison de Sade prenait il y a quelques siècles les noms de Sado, Sadone, Sazo et Sauze. Ajoutant que Laure de Sade serait née le 04 juin 1314 au bourg de Sado, sur les bords du Rhône, entre la Roche de Notre-Dame des Doms et l’île Falet, et qu’elle serait morte à Avignon le 04 juin 1348.

Une légende locale voudrait que son décès prématuré ait été causé par la morsure d’une coulobre… sorte de grand serpent ailé qui gardait la source de la Sorgue en ce temps là !

D’après Frédéric Mistral, Laure serait la fille de Paul de Sade, gentilhomme d’Avignon, et la belle-soeur de Laure de Noves avec qui on l’a souvent confondue. Robert de Briançon et Barcillon de Mauvans, eux, précisent que cette Laure, fille de Paul de Sade, ayant vécut célibataire, ne peut en aucun cas prétendre au titre de « Laure de Pétrarque » ni, se rapprocher, de près ou de loin, du profil décrit par Pétrarque.

C’est donc à l’abbé de Sade que l’on doit Laure de Noves, qui tenait beaucoup à avoir dans son ascendance, comme lointaine aïeule, l’amante idéale, la muse de Pétrarque. « Opinione de Sado » dit la devise de la famille. Telle était le vouloir de cet abbé : placer Laure de Noves dans les bras de l’illustre poète.

C’est à partir de cette époque, et jusqu’à la fin du XIXe siècle, que l’on crut généralement à Laure de Noves, fille d’un Audibert de Noves, qui fabriquait et vendait de la toile. Elle avait épousé, le 10 juin 1325, Hugues de Sade. Cette union fut féconde : onze enfants en naquirent.

Pétrarque aurait-il pu être l’amant idéal d’une mère-poule ? Non, disait M. Emile Gebhart.

Marquis de Sade - Bénis soient le jour, le mois, et l’année

Vous êtes à Paris et voulez rendre hommage à Laure ? Rendez-vous au Jardin du Luxembourg. Mettez-vous dos au Sénat. Grimpez les marches à droite. Cherchez alors la statue de l’illustre dame… elle se trouve sous les arbres, au côté de Marie de Médicis.

Que fêtons-nous ? Ce que vous voulez : sa mort, sa naissance, son immortalité ou simplement… son souvenir. Allez la voir, ne serait-ce que pour admirer son étrange sourire au regard envoûtant.

Sources : Emmannuel Davin – « Les différentes Laure de Pétrarque » / Photos – Laure de Noves par Simon de Sienne / Photos – Statue de Laure de Noves par Philippe M. Chemin

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