La Dame d’Échauffour

Jamais contraste entre époux ne fut plus frappant ! Lui, un écrivain parisien scandaleux, satyre convaincu de vices et de crimes immondes, elle, une jeune Normande, aimante, tendre, dévouée et résignée, aux yeux de qui l’époux ne saurait avoir de torts, une sainte de l’amour conjugal !

Elle est née Renée Pélagie de Montreuil. Son père, Claude René Cordier de Launay, Marquis de Montreuil, est propriétaire de la seigneurie d’Echauffour, située au cœur du département normand de l’Orne. Sa mère, Marie-Madeleine Masson de Plissay, sera jusqu’à sa mort en 1798, la grande dame du château.

Fille aînée du couple, plus gracieuse que belle, elle à 23 ans quand elle épouse le 17 mai 1763 à l’Église Saint-Roch de Paris, un jeune marquis d’un an son cadet, capitaine de cavalerie, brillant soldat des campagnes d’Allemagne, Donatien Alphonse François qui allait devenir, hélas, le trop célèbre Marquis de Sade.

Si, à la vérité, le jeune marié s’est au départ montré plus intéressé par sa jeune belle-sœur Anne Prospère, à la beauté piquante, il s’est finalement plié à la volonté de sa belle-mère qui voulait que son aînée soit établie en premier. De sa femme, il écrira « Je n’ai pas trouvé la petite laide, dimanche ; elle est fort bien faite, la gorge fort jolie, le bras et la main fort blanche. Rien de choquant, un caractère charmant. »

Marquis de Sade - La Dame d'Échauffour

Mariage de raison d’un côté, mariage d’amour de l’autre, le couple s’entend bien et auront trois enfants. Elle aime son mari et l’aimera jusqu’au bout de ses forces, et ce malgré ses nombreux écarts de conduite.

Le 29 octobre 1763, il est arrêté une première fois dans sa garçonnière parisienne pour « débauche outrée » et est enfermé, sur ordre du roi, au donjon de Vincennes à la suite d’une plainte déposée par une prostituée occasionnelle qui n’a pas apprécié les petits jeux sadiques et blasphématoires du Marquis. Libéré sur intervention de sa belle famille, il est assigné à résidence et séjournera jusqu’en septembre 1764 au château familial d’Échauffour.

Mais, de retour dans la capitale, il reprend très vite sa vie de débauche en multipliant ses liaisons. De guerre lasse, la Marquise obtiendra finalement en 1790 la séparation de corps. Le Marquis ne remettra jamais les pieds à Échauffour. Il mourra à l’asile de Charenton où Napoléon l’avait fait enfermer. Quant à la Marquise, elle mourut en 1810 et fut inhumée chez elle, à Échauffour, auprès de sa fille Madeleine Laure dans le petit cimetière du village.

Un article d’une blogueuse anonyme.

Sources : L’article sur le site Passion Généalogie / Photo – Carte postale du Château d’Échauffour

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