Connaissez-vous l’azuki ? C’est une sorte de petit haricot qui vient du Japon. Il y a peu, je décidais de mettre mon tablier et de m’atteler à une recette confectionnée à base de ces petites bêtes qu’une amie m’avait donnée ; malheureusement le résultat ne fut pas celui attendu, celui-ci ressemblant plus à un « tsubuan » (une pâte sucrée proche de la crème de marrons) là où j’attendais un « nam van » (un bouillon de haricots si vous préférez). Cela étant, même si la recette était ratée du point de vue de mon amie, le goût lui était là et l’aspect me plaisait beaucoup ; l’expérience fut donc concluante et un deuxième essai fût programmé avec la même consistance.

Lors de la réalisation de cette seconde pâte de haricots rouge, je ne pus m’empêcher de penser — Noël approchant, et puis aussi un peu à cause de son nom — à une vidéo de Mister Bean qui m’avait beaucoup fait rire lors de sa sortie il y a pas mal de temps ; il s’agit du fameux sketch où le comédien se réveille le matin de Noël, celui où il ouvre ses cadeaux et commence à cuisiner une dinde… mais je ne vous en dis pas plus, vous laissant savourer le spectacle.

La dinde de Noël est un plat préparé pour le réveillon de Noël. Constitué d’une dinde farcie, c’est le plat par excellence de nombreux pays à cette occasion. Savez-vous du moins pourquoi nous cuisinons nos marrons avec ce volatile et non avec un poulet ou un faisan ? Je vais vous le dire…

Avant la découverte des Amériques, la tradition voulait que l’on festoie à Noël avec un plat à base de volaille, essentiellement des oies. Représentant l’oiseau solaire, l’oie garantissait la protection du soleil à celui qui en mangeait.

Le nom de notre oiseau n’est pas non plus innocent puisque indiquant directement ses origines ; les premières dindes trouvées et ramenées en Europe ayant été baptisées « poules d’Inde » par les Espagnols croyant la ramener de là-bas.

La dinde arrive d’Espagne en France probablement via la Navarre : Marguerite d’Angoulême en faisait élever en 1534 dans son château d’Alençon par un fermier navarrais. Les premières dindes mangées en France sont attestées en 1549 lors d’un banquet donné à Paris en l’honneur de Catherine de Médicis.

C’est lorsque la dinde fut ramenée du Nouveau Monde, par les colons espagnols au début du XVIe siècle, que son intérêt gastronomique fut reconnu en Europe. Bestiole exotique comparée à ses cousines européennes, elle s’imposa à l’époque, du fait de sa rareté, pour être dégusté durant le temps mystique de fin d’année… Si l’oie — en raison de sa couleur — fait écho à l’Alban Arthan et au Solstice d’Hiver ainsi qu’à la légende de la Bûche de Noël : mythique bout de bois brûlant pendant 12 jours de Noël à l’Épiphanie ; la dinde, elle, ne rappelle rien… les traditions se perdent, je vous dis !

1620 est l’année où elle arrive aux États-Unis d’Amérique. Les Pères Pèlerins, quittant l’Angleterre pour fuir les persécutions religieuses, mettent alors le pied en Nouvelle-Angleterre et fondent la ville de Plymouth. Un an après, à l’automne 1621, le gouverneur décrète trois jours d’actions de grâce pour célébrer la première récolte… naît ainsi « Thanksgiving », période de réjouissance où les dindes, massacrées en masse, sont traditionnellement servies pour satisfaire les estomacs de millions d’Américains !

Quant à Sade, la légende ne dit pas si le Divin Marquis prenait du plaisir à fourrer sa dinde… ni même s’il aimait la remplir de sa crème de haricots (au risque de faire de la musique en jouant avec la cuisinière). Ce qui est sûr c’est qu’il s’agissait d’une belle dinde et qu’elle était sûrement fouettée, accompagnée de marrons bien secoués !

Tout à coup, les paroles de « Vive le vent » prennent un autre sens…

« Sur le long chemin
Tout blanc de neige blanche ;
Un vieux monsieur s’avance
Avec sa canne dans la main ;
Et tout là-haut le vent
Qui siffle dans les branches
Lui souffle la romance »

Bon appétit et joyeux Noël !

Sources : Merry Christmas Mr. Bean – 1992 / Photo – Anonyme

Pour en savoir plus à propos de M. de Sade, fondateur du forum et de ce blog.