Parmi toute la correspondance du Marquis de Sade, il en est qui (à mon goût) ressortent du lot plus que d’autres. Celle que vous allez découvrir est en quelque sorte une perle, c’est un véritable instantané de ce que vit et ressent celui-ci. À la lecture de cette lettre, on en vient même à souffrir pour lui et à espérer que ses douleurs cessent au plus vite… Pauvre Marquis, asseyons-nous et écoutons-le !

« Régulièrement, tous les jours entre quatre et cinq heures du soir, il me prend au creux de l’estomac une douleur si violente qu’elle altère absolument tous les organes ; elle s’étend promptement à la gorge, aux dents et à la tête, et me met alors dans un tel état qu’à peine même puis-je parler. »

« J’éprouve des spasmes, des espèces de petits frissons, beaucoup de bâillements, un dégoût, un abattement total, le sang se porte violemment à la tête, il me prend alors des étourdissements, des tournoiements qui me font trébucher, et mille autres choses prouvant une grande tension dans la fibre, et une grande irritation dans le genre nerveux. »

« Quelque fois cela s’apaise au lit, le plus souvent les douleurs s’y réveillent avec plus de violence et je passe des nuits affreuses, ou si le sommeil l’emporte un moment ce n’est que pour être troublé par des rêves [affreux]. »

« Le matin, je suis abattu des douleurs de la veille, l’estomac s’en ressent d’où il sait que j’ai très peu de moments de calme dans la journée ; d’ailleurs, je suis très resserré et l’appétit a beaucoup diminué. »

« Il se joint à cela de fréquentes ophtalmies, j’ai absolument perdu l’usage de l’œil gauche ; et ma jambe droite extraordinairement entêtée me fait presque continuellement mal, et surtout quand je la fatigue. »

Sources : Marquis de Sade

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