L’ange du bizarre

Le romantisme noir n’est pas un style : il se comprend davantage comme un courant de l’art occidental qui se nourrit des inquiétudes des temps de crise en y répondant par la force de l’imaginaire. Né au temps de la tourmente révolutionnaire à la fin du XVIIIe siècle, le romantisme noir est réactivé par certains symbolistes à la fin du XIXe siècle, puis au lendemain de la Première guerre mondiale, inspirant la révolution surréaliste.

Si aujourd’hui, l’industrie du divertissement continue de puiser dans cet univers, avec son cortège de spectres, de vampires, de châteaux et de sorciers, devenus des clichés de la « dark fantasy », il faut toutefois se souvenir qu’ils dérivent d’un héritage plus complexe dont les origines remontent paradoxalement au siècle des Lumières : un imaginaire sensuel, inquiétant et cruel.

Prenant la suite d’une première étape de l’exposition au Städel Museum de Francfort, le Musée d’Orsay propose de découvrir — ou de redécouvrir — les multiples déclinaisons du romantisme noir, de Goya et Füssli jusqu’à Max Ernst et aux films expressionnistes des années 1920, à travers une sélection de 200 oeuvres comprenant peinture, arts graphiques, sculpture et oeuvres cinématographiques.

Marquis de Sade — L'ange du bizarre

Empruntant son titre à un conte fantastique de Poe, cette exposition propose une synthèse des expressions du romantisme noir dans les arts visuels européens, du XVIIIe au XXe siècle.

L’univers libertin de Sade, mêlant souffrance et sensualité, reprend donc vie à travers les cyanotypes érotiques de Charles-François Jeandel mais aussi dans la poupée de Hans Bellmer qui expérimente à l’infini les ambiguïtés de l’automate cassé, violenté, fétichisé, photographié non pas dans les caves voûtées d’un château gothique, mais dans les recoins sordides et quotidiens d’un appartement moderne.

Extrêmement foisonnante, en œuvres, en styles et en thématiques, l’exposition a finalement les qualités de ses défauts : on s’y égare facilement comme dans une forêt… mais avec plaisir !

Date exposition : Du 5 mars au 9 juin 2013.
Lieu : Musée d’Orsay (Paris).

Sources : L’ange du bizarre – Musée d’Orsay / Photo : « Femme allongée sur le dos, enveloppée d’un tissu et ligotée » – Charles-François Jeandel

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