Bêtise vient en premier, sagesse en dernier !

Séoul, mercredi 19 septembre 2012. La commission d’éthique sur les parutions coréennes a fini par se décider du sort qu’allait avoir la traduction d’un livre « dangereux ». Orgies, viols, meurtres et autres violences… s’en est trop pour elle. En vertu de son extrême obscénité, l’Autorité décide de censurer « Les Cent Vingt Journées de Sodome » et ordonne le pilonnage immédiat des exemplaires en vente ; c’est comme ça !

Visiblement en Corée du Sud, pays friand de bandes dessinées et d’ouvrages pornographiques, on trouve que Sade va trop loin. Publié le mois dernier dans une traduction inédite par la maison d’édition Dongsuh Press, Lee Yoong — son éditeur — dira du livre « [qu’il] ne promeut ni la pornographie ni la violence […]. Il ridiculise et critique la part sombre de la nature humaine à l’origine de ces actes. »

Marquis de Sade — Bêtise vient en premier, sagesse en dernier !

Que raconte donc ce livre ? Pour faire simple et court, voici le topo des propres mots de l’auteur : « […] Un noble, un homme d’Église, un juge de France et un bourgeois financier. Quatre [scélérats] en quête d’ardeur […]. Tout ce que l’on peut dire […] c’est qu’ils étaient généralement susceptibles du goût de la sodomie, que tous quatre se faisaient enculer régulièrement, et que tous quatre idolâtraient les culs. »

Le scénario peut vous paraître mince mais, n’ayez crainte, il est certain, qu’avec Sade, les relations entre les personnages seront tortueuses et fouillées. Pendant près de 400 pages, Sade fera l’inventaire exhaustif de toutes les perversions sexuelles existantes sur notre planète : du viol, du meurtre, de la zoophilie, de la nécrophilie, il y en a pour tous les goûts ; Georges Batailles écrira que : « Personne à moins de rester sourd n’achève les Cent Vingt Journées que malade : le plus malade est bien celui que cette lecture énerve sensuellement. » Point de compromis, on ne peut pas faire mieux dans le genre, ou pire, c’est selon. Il faut dire qu’il s’agit — sans doute — du plus effrayant des romans sadiens ; Jean Paulhan considérant même cette œuvre comme « l’évangile du Mal » !

C’est la première fois depuis 2008 que l’administration sud-coréenne décide de censurer un livre. Pour Lee Yoong, cette décision dépasse l’entendement : « Il existe de nombreux livres pornographiques disponibles partout. Je ne comprends pas pourquoi ce livre, important pour la recherche universitaire, pour les psychiatres ou des experts en littérature, devrait être traité si différemment. »

Le marquis est décédé en le 02 décembre 1814, à l’âge de 74 ans. En novembre 1990, il sera publié sur papier bible, Sade rentre à la Pléiade ; sans commentaires !

Suite à cette décision, l’éditeur a décidé de faire appel et ajoute qu’il portera l’affaire devant les tribunaux si sa demande est rejetée. En attendant la fin de l’affaire, on espère juste que le livre restera dans les librairies, ne serait-ce que par respect pour le traducteur qui a dû passer de longues et pénibles heures à traduire Sade en coréen. Notons également, pour ceux à l’estomac bien accroché, que Pier Paolo Pasolini a transposé, en 1974, le récit de l’œuvre de Sade dans son film « Salò ou les 120 Journées de Sodome ».

Sources : mondebeau.blogg.org – bloghenri

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