Cohues, Secouons cette merde !

Le numéro 4 du Webzine gratuit « Cohues » est en ligne !… Ok d’accord, mais qu’est-ce que « Cohues » ?… « Cohues », c’est — pour reprendre leurs mots — un groupe d’auteurs ayant la volonté d’essayer de proposer une écriture atypique, personnelle, vivante et générationnelle. Dedans : de la littérature, des arts graphiques, de la photographie et une rubrique « Oeuvres » permettant de découvrir leurs romans, nouvelles, etc. Tout cela produit, bien évidemment, par leurs soins et par ceux invités dans leurs aventures.

Marquis de Sade — Cohues, Secouons cette merde !

Dans cette édition de septembre 2012 se trouve une partie dénommée « Panthéon ». En guise d’introduction de ce chapitre, il est dit que « Depuis la nuit des temps, les livres guident les hommes, définissant leurs manière d’agir et de penser. Tout auteur a ses influences. Autrefois, les grecs et les romains les dédiaient à leurs dieux. Aujourd’ hui les Cohusards rendent hommages à ces hommes de lettres qui continuent de les inspirer chaque jour que les dieux greco-romains font. Chaque mois, trois nouvelles intronisations. »

Vous l’aurez compris, ce mois-ci, Sade y est intronisé. Sans plus attendre, je vous laisse découvrir cet hommage au Divin Marquis…

« Avant d’être un psychopathe, un meurtrier, un scélérat et un malade mental, le divin marquis était – tenez-vous bien – un philosophe. Oui, un grand philosophe que l’on pourrait aujourd’hui ranger avec ceux du courant des Lumières. Bon, évidemment, il faut bien quelques concessions. Par exemple, on devra faire fi de l’agression sexuelle perpétrée sur la personne d’une pauvre mendiante, que notre cher libertin aurait appâté en son domaine de La Coste (dans le Vaucluse) avec une place de gouvernante et trois repas par jours, pour ensuite l’attacher à son lit, la fouetter et la forcer à prononcer des paroles blasphématoires (c’était le jour de Pâques.) jusqu’à sa décharge, gluante et pestilentielle. On devra aussi fermer les yeux sur sa fréquentation assidue des maisons de débauche et sur l’empoisonnement à la cantharide de quatre jeunes filles ayant commis l’erreur de répondre favorablement à ses avances, tout comme on s’empressera de fermer les yeux sur les cinq gamines qu’il a kidnappées pour en faire ses domestiques. Tout homme à ses faiblesses et celui qui prétend baigner dans la vertu sèche toujours sa peau avec une serviette de vice ; c’est l’idée de cet homme de lettre quelque peu dérangé qui jouit d’une mauvaise réputation dès ses premiers pas dans l’armée si bien qu’il peinera à trouver une femme. Rassurez-vous cependant, ces actes infâmes ne resterons pas impunis puisque notre aimable Priape sera mit à l’ombre pendant treize années consécutives après avoir été arrêté alors qu’il se pavanait tranquillement dans les rues de Paname. Grâce à sa belle-mère influente, il évite de justesse la peine capitale. Jamais avare de bonnes idées, il s’évade. Il se fera capturer à nouveau après quarante jours à cavaler dans la cambrousse, nu comme un ver, le vit à l’air. (rajoutons des détails farfelus à cette légende 🙂 ). Et c’est dans son donjon de Vincennes qu’il part définitivement en « couille », passez-moi l’expression j’en ferais bon usage. Alors qu’il bénéficie d’un traitement de faveur et qu’il est sous la protection de sa famille, il se bat, insulte, crache et bafoue toutes les règles en vigueur. Il va même jusqu’à envoyer des lettres ordurières destinées à sa femme qui lui est totalement dévouée. On imagine bien le truc : « Connasse, ramène-moi à manger et que ça saute, on crève la dalle ici !». Mais c’est aussi dans cette cellule humide, exiguë et éclairé à la seule lueur d’une bougie que naît Sade l’écrivain. Son enfermement le rend plus fou que jamais et son imagination déborde d’un concentré ravageur de perversion lubrique totalement démesurée qu’il déverse impunément au sein de son travail littéraire, chef d’oeuvre incontestable d’une richesse absolument dingue démystifiant l’ensemble des lois, de la morale et de la religion en vigueur. Il entreprend la rédaction des 120 journées, ouvrage si sympathique qu’il pourrait aisément dégoûter du sexe le plus insatiable des violeurs multirécidivistes. Et encore, il faut le lire pour le croire. Je défie quiconque ici de lire ce bouquin sans vomir. C’est assez révélateur du talent de Sade. Nombreuses sont les oeuvres qui, quelques siècles plus tard, ne produisent plus l’effet dévastateur vecteur de censures et autre scandales. L’effet des 120 journées, lui, est intact. On déplore le fait que ce manuscrit n’est pas été retrouvé dans son entièreté mais heureusement, il reste Justine, sa masterpiece, oeuvre unique en son genre, roman pornographique outrageant mettant en scène les mésaventures d’une jeune fille naïve au prise avec des curés et autres personnages représentant la morale sous ses coutures les plus subversives. Homme libre et fidèle à ses principes, homme de lettres émérite et prisonniers sous tous les régimes, Sade n’était pas fou, mais il rendait fou. Réhabilité entre le dix-neuvième et le vingtième par des poètes comme Baudelaire ou Apollinaire, sa mémoire perdure et nul doute qu’à l’époque la plupart des auteurs de la Cohusion auraient été écorché vif. »

Sources : « Cohues » – Site du Webzine« Cohues n°4 » – téléchargez le Webzine ici !

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