Au pays des Merveilles de Juliette

Aujourd’hui 30 juillet, nous fêtons les Juliette. Je ferais donc une petite entorse dans la série de cet été, le temps de raconter l’histoire de cette sainte. D’étymologie latine, ce prénom dérive de Julie qui honore le souvenir d’une illustre famille romaine qui prétendait descendre directement de Vénus ; le membre le plus célèbre de cette maison étant bien sûr Jules César !

Nous sommes donc au IVe siècle à Césarée en Cappadoce. Juliette — ou Julitte, c’est selon — devenue veuve est toute désemparée, son mari n’est plus là pour gérer ses affaires. Possédant de grands biens et ne se sentant pas l’âme d’une gestionnaire immobilière, elle les confie à un « homme d’affaires » qui aura la charge de faire rentrer l’argent. Malheureusement, ce dernier, justifiant en quelque sorte son « titre », s’empresse de la déposséder et laisse Juliette une nouvelle fois en plein désarroi.

Sur d’elle, Juliette réclame justice en traînant le bonhomme au tribunal. Le procès tourne évidemment en sa faveur, mais quelqu’un dévoile en toute fin de procédure qu’elle est chrétienne. Sommée de sacrifier aux dieux païens pour retrouver sa fortune, Juliette répond invariablement qu’elle est la servante du Christ. Renonçant à l’apostasie, elle est condamnée à être brûlée vive et prend la fuite avec son fils, Quirice, âgé de trois ans. Elle marchera finalement vers le bûcher vers l’année 303, rayonnante et souriant aux amis venus réconforter cette reine de la vertu. Saint Quirice sera, quant à lui, le martyr le plus jeune du monde chrétien… il est également connu sous le nom de saint Cyr.

Pour l’anecdote, sachez qu’une église à Saint-Cyr-sur-Loire, au nord de Tours, se nomme Saint-Cyr-Sainte-Julitte ; c’est d’ailleurs dans celle-ci que fut célébré en août 2010, les obsèques du Comte Xavier de Sade, puis quelques années plus tard celles de son épouse Rose.

Marquis de Sade - Au pays des Merveilles de Juliette

Ce n’est évidemment pas l’histoire de la sainte martyre qui nous intéresse ici, mais bien celle de l’illustre héroïne du Marquis de Sade : Juliette… celle du fameux roman.

Roman-fleuve de la philosophie débauchée, « l’Histoire de Juliette, ou les propriétés du vice », paru en 1801, est la culmination de l’œuvre romanesque de Sade. Le roman constitue la suite de « Justine ou les Malheurs de la vertu ». Si dans cette dernière œuvre la jeune Justine ne connait que des malheurs pour être demeurée vertueuse, dans celle-ci sa sœur Juliette conte comment la vie n’a fait que la récompenser pour s’être adonnée à tous les vices imaginables, qui sont décrits dans le détail.

Enfermée au couvent, la jeune Juliette se fait débaucher par la mère supérieure, qui d’abord lui présente ses préceptes libertins et ensuite l’engage dans des orgies lesbiennes. Possédant un talent précoce pour la dégénération, Juliette s’y prête avec ardeur, se joignant de plein cœur à une orgie où elle viole une fillette, bien que Juliette avoue qu’elle eût préféré qu’il se fût agi de sa sœur Justine.

Mise à la porte du couvent à la banqueroute de son père, Juliette suit l’avis de la mère supérieure et se prostitue, bien décidée à s’assurer la richesse. Elle devient rapidement la maîtresse de deux libertins puissants et corrompus, Noirceuil et le ministre d’État Saint-Fond. Ce dernier est particulièrement exécrable, ayant une préférence marquée pour le cannibalisme. Avec le support de ces deux scélérats et de son amante saphique Clairwil, Juliette devient membre de la Société des Amis du Crime et embarque pour une carrière criminelle tout à fait incroyable.

Refusant d’aider Saint-Fond dans son projet de créer une famine artificielle qui réduirait la population de la France des deux tiers – ce sera son seul moment d’outrage – Juliette doit fuir sa colère.

Elle épouse un homme moral, M. de Lorsange, et fait semblant de se réformer jusqu’à ce qu’il meure ; elle donne naissance à une fille : Marianne. Devant le danger de la vengeance de Saint-Fond, elle fuit pour l’Italie où elle prend un nouvel amant, le bandit Sbrigani, et elle se met à amasser une nouvelle fortune.

En Italie elle rencontre des personnages réels à qui Sade donne des caractéristiques entièrement fictionnelles. Ainsi le Grand Duc de Toscane engendre foule d’enfants chaque mois pour le plaisir de les détruire, Catherine la Grande de Russie se fait sodomiser par son amant en regardant son fils être torturé à mort, et le roi et la reine de Naples sont un couple homicide et dépravé.

Dans une des plus longues séquences du roman, Juliette rencontre le pape Pie VI — selon Sade un sodomite invétéré — qu’elle appelle par son nom séculaire de Braschi. Pour démontrer ses connaissances, Juliette dresse un long réquisitoire de tous les crimes qu’ont commis les papes. Au centre d’une masse fourmillante de moines et de prêtres plongés dans une orgie, le pape célèbre une messe noire dans la basilique de Saint-Pierre-de-Rome dans l’espoir de connaître Juliette. Plus tard, Juliette s’enfuit de Rome avec la totalité du trésor papal alors que le pape est endormi après une abrutissante soirée de viol et de meurtre.

À Naples elle retrouve la sanglante Clairwil et partage avec elle les faveurs de la courtisane Olympe Borghèse. En ayant assez d’elle, elles la jettent dans le Vésuve. Elle continue son chemin, laissant derrière elle une suite de crimes tout aussi gratuits, sanglants, et incroyables, incluant le meurtre de Clairwil elle-même.

Rentrant en France avec en poche le trésor entier du royaume de Naples, elle est réunie à Noirceuil, qui a assassiné Saint-Fond. Ils résument leurs orgies, pendant lesquelles Noirceuil et Juliette ont brûlés vive la jeune Marianne.

Terminant son récit, Juliette refuse de laisser un être vertueux comme Justine demeurer chez elle ; la pauvre est jetée dehors au cours d’un orage et meurt frappée par un éclair.

Noirceuil, lui, est nommé Premier ministre par le roi en récompense de sa carrière criminelle et prends les rênes du gouvernement en compagnie de Juliette.

Marquis de Sade - Au pays des Merveilles de Juliette

Rappelez-vous, au début de cet article, je vous disais que l’étymologie du prénom Juliette dérivait de Julie ; prénom qui serait, quant à lui, la commémoration d’une illustre famille descendant de Vénus et qui aurait eu Jules César comme membre le plus fameux. Vénus, déesse de la beauté, de l’amour, surnommée parfois Pélagie — du grec pélagos signifiant « pleine mer » — serait naît des testicules châtrés de son père Ouranos ; testicules qui auraient été ensuite jetés dans l’océan, ce qui explique pourquoi Vénus est également déesse de la mer.

Pélagie : sa femme ; Vénus : ses amours ; Juliette : la jonction des deux… l’analogie est plaisante car tout se tient dans l’univers de Sade.

Que ce soit en tant que reine du vice ou reine de la vertu,

« Vous marchiez Juliette au bord de l’eau,
vos quatre ailes rouges sur le dos
Vous chantiez Alice de Lewis Carroll
Sur une bande magnétique un peu folle »

Excusez-moi… Yves Simon tente d’envahir ma conclusion !

« Maman on va cueillir des pâquerettes
Au pays des merveilles de Juliette »

Je crois qu’il insiste… laissons le finir et conclure alors !
Il s’agit de sa chanson phare remixée par Psychemagic.

Bonne écoute et bonne fête aux Juliette !

Détails sur le produit :
Nom : Histoire de Juliette ou les prospérités du vice.
ISBN-13: 978-1502722430

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Sources : Résumé de l’histoire de Juliette sur le site etudier.com / Photo livre – Anonyme / Photo vitrail – Paul Challan Belval

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