Sade, le dernier Libertin

Libertin perdu en son siècle, le Marquis Donatien de Sade fait figure d’extraterrestre. Aristocrate riche et égocentrique, évidemment athée, sujet à des accès de colère et de violence, il lui arrivait de maltraiter prostituées et domestiques à une époque où la montée des idéaux démocratiques rendait ces comportements de moins en moins acceptables.

Cela lui valut d’être incarcéré vingt-sept années au total, notamment à Vincennes et à la Bastille. Il mit à profit son oisiveté forcée pour écrire des romans érotiques qui ont fait de lui l’archétype du pervers sexuel au point que l’on a forgé dès 1834 un néologisme pour désigner la cruauté associée au sexe : le « sadisme » […].

En prison à 37 ans, le Marquis de Sade se pique d’écrire et se rêve en auteur de théâtre mais on lui fait comprendre qu’il n’a aucun avenir dans ce genre. Qu’à cela ne tienne, écrit-il, à défaut de s’illustrer dans le théâtre, il s’illustrera par ses écrits érotiques…

Le 29 février 1784, il est transféré à la Bastille. Dans la crainte que ses manuscrits ne soient saisis, il met au net celui auquel il attache le plus de prix, « Les Cent-Vingt journées de Sodome ». Il le recopie sur d’étroits feuillets collés bout à bout et cache le tout entre deux pierres. Quand il est expulsé de sa cellule, le manuscrit disparaît. […]

Libéré le 2 avril 1790, à la faveur des événements révolutionnaires, obèse et quelque peu usé, coupé de sa famille, le Marquis fait publier l’année suivante son roman « Justine ou les malheurs de la vertu », qui le classe définitivement parmi les auteurs libertins.

Marquis de Sade - Sade, le dernier Libertin

Soucieux de respectabilité, il prend le train de la Révolution en marche. Cela n’empêche qu’il demeure attaché au roi et surtout aux privilèges de l’aristocratie : « Je veux qu’on rende à la noblesse son lustre parce que de le lui avoir ôté n’avance à rien ; je veux que le roi soit le chef de la Nation », écrit-il en décembre 1791 ! Il se fait remarquer le 9 octobre 1793 par un « Discours aux mânes de Marat et de Le Peletier » dans lequel il dénonce le christianisme mais aussi toute forme de religiosité. […]

Le Marquis de Sade considère, à l’opposé de Jean-Jacques Rousseau, que l’homme est foncièrement mauvais par nature et que le mal est voulu par cette même Nature. La morale et la religion, en freinant ses penchants naturels, contrarient la Nature : « C’est de la Nature que je les ai reçus, ces penchants, et je l’irriterais en y résistant ; si elle me les a donnés mauvais, c’est qu’ils devenaient ainsi nécessaires à ses vues. Je ne suis dans ses mains qu’une machine qu’elle meut à son gré, et il n’est pas un de mes crimes qui ne la serve ; plus elle m’en conseille, plus elle en a besoin : je serais un sot de lui résister. Je n’ai donc contre moi que les lois, mais je les brave ; mon or et mon crédit me mettent au-dessus de ces fléaux vulgaires qui ne doivent frapper que le peuple ».

[…] à nouveau incarcéré, Sade échappe à la guillotine d’extrême justesse grâce à la chute de Robespierre, le 9 thermidor… Sous le Directoire, bénéficiant de l’extrême déliquescence des moeurs, il multiplie les publications à caractère pornographique. Mais le vent tourne. Le 06 mars 1801 ses manuscrits sont saisis sur ordre du Premier Consul soucieux de se réconcilier avec l’Église et d’établir un ordre moral respectueux de son autorité. Il est alors à nouveau enfermé à l’asile de Charenton, près de Paris, où il finira sa vie. […]

Un article extrait de la biographie du Marquis de Sade présente sur le site herodote.net

Sources : La biographie entière sur le site herodote.net / Photo « Leçon numéro 125 » – Aubade

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