Sade, son univers impitoyable !

Le christianisme peut être résumé en quelques lignes, du moins si nous prenons les évangiles au sérieux. Tout d’abord, il s’agit de se mettre au service des autres, se sacrifier pour eux, renoncer à soi-même ; ensuite, savoir cultiver la sainteté, devenir parfait, être un gueux idéaliste. Ce gigantesque sacrifice, se fera sur une simple et vague promesse tirée d’un mystérieux bouquin. Pour qu’elle garantie ? Celle de souffrir, toute sa vie, à tout point de vue !

La philosophie de Sade, quant à elle, est l’opposé absolu des évangiles. Sade propose de les lire, de les penser et de faire, dans tous les cas, exactement le contraire. Lire les évangiles sous cet angle n’a sûrement jamais été fait, donnons alors quelques exemples saisissants pour bien comprendre cette philosophie :

« Heureux êtes-vous si vous affligez ou si vous persécutez les autres »
« Si vous voulez être le premier, mettez les autres à votre service. »
« Gardez votre argent pour vous et accroissez-le. »
« Haïssez-vous, méprisez-vous les uns les autres. »
« Ne pardonnez pas les offenses, vengez-vous. »
« N‘ayez aucune confiance dans la providence, ne comptez que sur vous. »
« Jugez, médisez, calomniez. »
« Ne jeûnez jamais, faites ripaille. »
« Ne faites jamais l’aumône, au contraire, emparez-vous des biens du faible. »
« Soyez bons avec les forts et impitoyables avec les faibles. »
« L’homme à demi-mort trouvé sur le chemin, prenez-lui ce qui lui reste et achevez-le. »

Marquis de Sade - Sade, son univers impitoyable !

Dans les évangiles, il s’agit d’être plein de sollicitude, d’être compatissant, d’être à l’écoute de l’autre, de lui rendre service. Il s’agit de passer après l’autre, de valoriser l’autre, de se sacrifier, de se dévouer et de souffrir pour lui… C’est la religion de l’autre ; il s’agit de faire taire la chair, ses envies, ses appétits, ses désirs.

On regarde les autres en fonction de notre éducation religieuse, on les enveloppe, on les revêt mentalement selon la tendance ou la nature de notre spiritualité ; on projette sur eux tout un tas d’idées, de sentiments. De même un futur médecin se débarrasse de sa sensiblerie, de sa pusillanimité, de ses préjugés romantiques à l’égard du corps ; de même les personnages de Sade se sont débarrassés de tout ce qui est spirituel, compatissant et respectueux dans leurs rapports aux autres.

Ces derniers, incarnent et mettent en pratique, ouvertement, délibérément, avec allégresse, le strict inverse de ce que disent nos textes sacrés : le contraire du souci de l’autre, de l’écoute de l’autre, du respect de l’autre ; le contraire de la mise en valeur de l’autre, du service de l’autre, du contrôle de la chair ; et le contraire, c’est faire taire l’autre, avilir l’autre, écraser l’autre, tourmenter l’autre, abuser de lui de toutes les manières, de le tuer, pour assouvir toutes ses envies.

« l’homme dont je te parle est un impie ; il te maniera pendant qu’on dira la messe devant lui ; à l’élévation il sortira d’une petite boîte une hostie aussi bien consacrée que celle qui s’élèvera devant toi ; il t’enculera avec cette hostie, pendant que le célébrant viendra te foutre, à son tour, avec celle qu’il viendra de consacrer. » La Nouvelle Justine ou les Malheurs de la Vertu.

Sade est un athée matérialiste, il s’agit de faire de ce corps de souffrance un corps de jouissance. Sa philosophie consiste à suivre la Nature, de l’imiter, d’être en phase avec elle, c’est à dire aussi destructeur qu’elle. « La nature, qui nous fit naître seuls, ne nous commande nulle part de ménager notre prochain : si nous le faisons, c’est par politique ; je dis plus, c’est par égoïsme. » c’est le pire outrage que l’on pouvait infliger à Dieu diraient certains !

Sources : Texte extrait d’un article du site inconnaissance.unblog.fr / Photo – Site de Damien Saez

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